Le viaduc des Fauvettes

Le viaduc des Fauvettes, sur la commune de Bures-sur-Yvette, constitue pour les spéléos de la banlieue Sud un chouette terrain d'entrainement. Perdu en pleine forêt, la hauteur des arches de 5 à 35m permet à la fois l'initiation, l'entrainement, les blagues, la descente en plein vide, en paroi, le passage de fractionnements, la descente et la remontée à plusieurs en même temps, l'observation du ciel nocturne. Le tunel qui le précède permet la progression en vire et en voute, les tyroliennes, les grillades...

Quelques photos d'archives, dans les années 90 (à une époque où on y allait toutes les semaines)  :

Un peu d'histoire...

Nous sommes en 1877...  Aux temps héroiques des débuts du chemin de fer, les initiatives reviennent toutes à des investisseurs privés. Le paysage ferroviaire français est partagé par une quantité incroyable de compagnies différentes, et chacune tente de prendre l'avantage sur la voisine pour en récupérer le trafic. Dans cette course, l'accès à la capitale est un facteur déterminant, et les compagnies qui en sont dépourvues payent pour emprunter les autres lignes. Témoins de cette époque, les grandes gares parisiennes sont les véritables "cartes de visite" des compagnies ferroviaires.Le trou laisse par le bombardement de 1944.

L'état entre dans la bagarre en 1878, avec la création du réseau des chemins de fer de l'Etat, qui deviendra la SNCF en 1938. Il rachète les compagnies des Charentes et de Vendée, de Bressuire à Poitiers, d'Orléans à Rouen,etc... toutes en assez mauvais état, matériel ou financier. Mais aucune ne va à Paris... La gare du nouveau réseau la plus proche de Paris est Auneau, et tout naturellement, l'état cherche à relier ce point à une belle gare dans la capitale, la gare du Trocadéro, qui ne verra jamais le jour. Dans l'attente, les trains arriveront à la gare Montparnasse, territoire de la compagnie de l'Ouest. Les projets de tracés se succèdent, pour aboutir en 1903 au projet définitif (qui d'ailleurs ne passe plus par Auneau !) : Paris-Montparnasse, Montrouge, Sceaux, Massy, Orsay, Limours, Bonnelles, Ablis, Gallardon, Chartres. Il est prévu en double voie sur la totalité du parcours.

Les travaux débutent en 1907, et la section Chartres-Saint Arnoult est terminée en 1917. En 1918, les autorités militaires réquisitionnent les rails d'une des deux voies pour récupérer la matière première. Les travaux reprennent et Limours est atteint en 1922, Massy en 1930, Chatenay l'année suivante. Le budget est depuis logntemps dépassé, et le troncon Massy-Chatenay a été financé par les communes. Il ne manque que 2km pour rejoindre les voies de la compagnie de l'Ouest, ils ne seront pas réalisés.

La ligne n'est donc parcourue que par 3 omnibus quotidiens entre Massy et Chartres, plus un service marchandises minimum. En 1939, notre beau viaduc ne voit plus passer que des wagons kaki Allemands, le viaduc de Maintenon sur l'autre ligne Paris-Chartres ayant été détruit au début de la guerre. La ligne est bombardée en Mai et Juin 1944, et les voies aussitôt déposées, la section est déclassée en 1953.

En 1997, un arrêté préfectoral interdit l'accès au viaduc et demande une expertise sur les risques encourus, pour dégager la mairie en cas d'accident. Le rapport qui en résulte précise que "en cas d'effondrement de l'arche endomagée, la stabilité de l'ouvrage pourrait être compromise". Plusieurs solutions sont alors envisagées : démolition complète, consolidation de l'arche bombardée... De plus, l'ouvrage est à l'abandon. Des arbustes ont poussé sur le tablier, les rambardes en fonte ont été cassées, il ne reste que les angles au niveau des piliers.

Fin 2003, des travaux de consolidation et sécurisation sont entrepris, ils vont durer un an : reconstitution de l'arche endommagée, remplacement des garde-corps, réfection de l'étanchéité, percement de deux puits en voûte. Le viaduc est alors rouvert au public en octobre 2004 pour des activités de loisir : promenade, escalade, entraînement à la spéléologie.

Le syndicat intercommunal pour l’aménagement de la coulée verte (SICOVY) a été créé à l'initiative des communes de Gometz-le-Châtel, Bures-sur-Yvette et Les Ulis. Depuis 2008, il est propriétaire de l'ouvrage.